Le message de Pâques 2020 du Pape François était attendu. Au moins pour deux raisons. L’Italie est actuellement terrassée par le coronavirus. Les populations de ce pays, comme le milliard et demi de catholiques dans le monde, est en confinement. La messe, chose inédite, a eu lieu dans une basilique St Pierre vide.
François a plus axé son message sur le plan économique. Il a souhaité « que soient relâchées les sanctions internationales qui empêchent aux pays qui en sont l’objet de fournir un soutien convenable à leurs citoyens » et appelé à la solidarité internationale « en réduisant, si non carrément en annulant, la dette qui pèse sur les budgets des pays les plus pauvres ».
Le covid-19 n’épargne aucun pays. Plus de 160 sont actuellement touchés. Pour le Saint Père, l’industrie de l’armement doit revoir sa politique en ces temps. « Ce n’est pas le temps de continuer à fabriquer et à trafiquer des armes, dépensant des capitaux énormes qui devraient être utilisés pour soigner les personnes et sauver des vies. »
Selon la Banque mondiale (BM) dans la dernière édition d’Africa’s Pulse, le rapport semestriel de la BM, consacré à la conjoncture économique africaine et publié le 9 avril 2020, l’on y apprend qu’en 2018, les pays d’Afrique subsaharienne ont remboursé 35,8 milliards de dollars au titre du service de la dette (2,1 % du PIB régional), dont 9,4 milliards à des créanciers bilatéraux publics (environ 0,7 % du PIB régional). Pour une région qui devra probablement mobiliser jusqu’à 100 milliards de dollars (dont une exonération des intérêts de la dette estimée à 44 milliards de dollars en 2020), les auteurs du rapport soulignent l’intérêt d’un tel moratoire, qui permettra d’injecter immédiatement des liquidités et d’améliorer la marge de manœuvre budgétaire des gouvernements africains.
Si donc le Pape venait à être écouté, l’annulation totale de la dette des pays d’Afrique subsaharienne par exemple leur donnerait une vraie bouffée d’oxygène financière.
Roger Powell Messasa
