À l’ordre du jour de l’assemblée générale constitutive du 14 décembre 2023, la dissolution du comité des sages, un organe qui continue à rappeler au président sortant du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) que l’article 17-3 des statuts du premier syndicat camerounais est piétiné.
Le temps est révolu, celui où Célestin Tawamba flattait André Siaka au point de faire baptiser la salle des assemblées générales et autres grandes réunions du Groupement inter patronal du Cameroun au nom du patron de Routd’Af. La pomme de discorde entre les deux milliardaires qui ne s’appellent plus au téléphone, la fusion forcée, teintée de violation des statuts de 2017.
Depuis l’évocation de ce sujet en effet, André Siaka a toujours émis des réserves. « L’éthique professionnelle est une garantie de transparence à l’égard du grand public et de la communauté à laquelle on appartient. Cette démarche morale incarne des valeurs que le Gicam a de tout temps, non seulement prônées, mais également appliquées. A cet effet, et compte tenu des différentes étapes du processus d’une fusion entre le Gicam et Ecam, la cérémonie du 5 avril 2023 m’a semblé questionnable au moins sur deux aspects : Premièrement, par respect pour les adhérents, il aurait été plus honnête et juste de parler d’un « Projet de traité de fusion », point de départ d’un processus codifié. En second lieu, le parterre et la stature des personnalités conviées à la cérémonie du « Traité de fusion », notamment le gouverneur de la région du Littoral, le représentant de l’OIT (Organisation internationale du travail), un conseiller spécial du Premier ministre, laissent croire que la fusion est déjà actée et que le reste du processus n’est que simple formalité. J’ai peur qu’il ne puisse s’avérer un jour que ces personnalités ont été abusées, la charrue ayant été mise avant les bœufs. Ce qui serait vraiment dommage », va confier André Siaka au journal Eco Matin.
Le patron de Routd’Af ira plus loin dans cette interview et donnera les conditions qui doivent aboutir à la dissolution du Gicam. « Par ailleurs, puisque le traité signé le 5 avril 2023 annonce sans ambages la mise en place « d’une nouvelle centrale patronale unifiée » entraînant d’office la dissolution du Gicam, une question de fond se pose : Qui a qualité pour décider de la dissolution de cette organisation ?La réponse est sans équivoque : Ni le président, ni le Conseil d’administration n’ont compétence pour poser un tel acte qui relève du pouvoir exclusif de l’Assemblée générale extraordinaire des membres après consultation pour avis de conformité du Comité des sages. »
C’est pour respecter –partiellement – ces dispositions qu’une assemblée générale extraordinaire du Gicam est convoquée le 11 juillet 2023. Au terme de celle-ci, le résultat que publie gaiement Célestin Tawamba est de 73,7%. Apriori, c’est la joie. L’on croit que l’affaire est close. Une semaine après, le comité des sages, où siège André Siaka et bien d’autres anciens présidents et vice-présidents du Gicam adresse une lettre au président sortant du patronat camerounais et lui rappelle que l’article 17-3 autorise la dissolution du Gicam à la majorité des trois quarts et donc, le quota de 73,7% est inférieur à la norme qui veut que l’on atteigne 75%.
Depuis lors, cette remarque des sages et bafouée, les statuts piétinés. Le président sortant du Gicam ne veut plus rien entendre de André Siaka et envisage la dissolution du comité des sages, pour créer un autre organe qui jouera exactement le même rôle que le comité des sages actuel.
Des indiscrétions, le 14 décembre 2023 lors de l’assemblée générale constitutive, Célestin Tawamba suggérera la création d’un comité d’éthique et de surveillance. La mission principale de cette instance, veiller à la bonne application des textes de la nouvelle organisation et veiller au respect des règles éthiques. Composé de cinq personnes, dont quatre adhérents et une personnalité publique choisie en dehors de l’organisation, ce comité sera aussi chargé de veiller au bon déroulement du processus électoral et à la gestion de certains contentieux.
Il s’agit là des attributions très identiques à celles du comité des sages actuel, qui semble d’ailleurs bien les respecter car l’article 17 des statuts encore en vigueur souligne que « le comité des sages est une instance mise en place pour veiller au respect des valeurs et principes du Gicam et pour apporter des conseils et des éclairages au conseil d’administration. »
La suite à l’alinéa 2. « Le comité des sages fait office de gardien des statuts du Groupement et principes fondamentaux qui sous-tendent la gouvernance et le fonctionnement du Gicam. Le comité des sages est le garant du respect de la charte éthique et de bonne gouvernance du groupement… » Le but de cette dissolution du comité des sages, analyse un très proche de Célestin Tawamba, « est de pousser André Siaka à la porte, loin des activités et autres instances de décisions du Gicam. »
Aloys Onana