Dans les milieux business de la capitale économique, l’on concède un fait : l’élection de décembre 2023 est certaine mais lointaine.
Le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) devra élire un nouveau conseil exécutif en décembre 2023. Mais en attendant, de curieuses voix commencent à désigner de potentiels candidats qui aspireraient à la succession de Célestin Tawamba, qui travaille sereinement. Des hypothèses de lecture qui font sourire des membres du premier patronat camerounais. « L’élection au sein du Gicam est une élection particulière. Elle draine des passions certes, mais mesurées et elle ne connait pas de coups bas ou des coups en dessous de la ceinture comme cela pourrait se voir en politique », observe un patron d’entreprise.
Elu en juin 2017 et réélu en 2020 [95,51%], Célestin Tawamba n’est pas candidat à sa propre succession. Le patron des patrons du Cameroun avait, une fois élu, réduit le mandat du président de 5 à 3 ans. « Le président sortant sait pertinemment que l’élection a lieu en décembre 2023. Mais ses centres d’intérêt actuels sont ailleurs. L’actualité économique abonde, et de nombreux points méritent le regard du Gicam, tout comme la défense des droits de l’entreprise n’a jamais quitté son esprit et donc, le débat sur qui serait entrain de constituer une liste, tel serait poulain de tel autre, au Gicam, cela est exactement comme de l’eau sur le dos d’un canard », sourit un habitué des milieux patronaux.
Pour certains, l’élection du président du Gicam peut passablement avoir des allures d’une élection politique. Avec des partis politiques en moins et aussi, les patrons savent toujours préserver ce qu’ils ont en commun : l’entreprise. « Je vois une tendance à vouloir créer de la zizanie entre patrons. Cela n’est pas probable. L’élection d’un président du Gicam repose sur certains détails qui sont vraiment politiques en ce sens que le politique regarde de près ce qui y est fait, mais le dernier mot revient aux créateurs de richesse eux-mêmes, qui savent quelle est la meilleure voix qui soit capable de défendre leurs intérêts. Pour le moment, ce n’est pas la préoccupation des patrons occupés par la majoration du coût de carburant, la rareté des matières premières, les coûts du transport à l’international, le climat des affaires etc. l’heure n’est aucunement au vote du président, mais à la quête des stratégies de la croissance économique », sourit-t-on.
Emmanuel Wafo
Si l’élection à la présidence du Gicam ne préoccupe vraiment pas pour le moment, l’opinion a déjà retenu le nom du patron de Mit Chimie : Emmanuel Wafo. Fils du milliardaire David Wafo –l’un des pionniers du made in Cameroon- cet homme discret et très réservé apprécie de manière très modérée les feux de projecteurs.
Président de la Commission économie et développement des entreprises au sein du Gicam, cet entrepreneur qui parcourt au quotidien les couloirs du business et du harassant milieu entrepreneurial attire le regard de nombreux grands patrons. « Pourquoi pas ? Je crois qu’il peut en vérité, au regard de ses performances, de son background, de son étoffe, de ses entrées et même de son expérience au Gicam où il a une connaissance certaine des dossiers importants de la maison Gicam », souffle un fin connaisseur du business, capitaine d’industrie.
Qui ne manque pas de voir de très fortes ressemblances, dans la défense des droits de l’entreprise, entre ce que fait Célestin Tawamba et ce que pourrait faire Emmanuel Wafo. « La question de la fiscalité adossée sur le chiffre d’affaires ne lui a jamais plu », confie-t-on. A ses visiteurs du soir, Emmanuel Wafo se décrit comme un « humble commerçant ». Mais derrière cette humilité et cette voix posée, se cache bien un puissant industriel, dont les faits d’armes contribuent à la marche de l’économie locale et sous régionale.
Aloys Onana
