Cette semaine, le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) ne manquera pas d’être au cœur de l’actualité locale et voire internationale comme jamais par le passé. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute sera l’hôte du premier regroupement syndical des patrons du Cameroun. Une première, depuis la création de ce regroupement patronal il y a 64 ans. Ce qui est l’œuvre de Célestin Kamanou Tawamba, président du Gicam depuis le 29 juin 2017.
55 ans, père de trois enfants, le patron des patrons du Cameroun est le fondateur de plusieurs entreprises. La Pasta, Panzani Cameroun, Société agroalimentaire équatoriale (SAE), Cinpharm, SIPP et le Groupe Cadyst Invest sont ses œuvres. Deux secteurs donc, l’agro-alimentaire et l’industrie pharmaceutique sont les domaines économiques où, au 31 décembre 2016, un total cumulé des investissements de ce patron affiche 45 milliards de FCFA, et un chiffre d’affaires cumulé de plus de 55 milliards de francs. Célestin Tawamba emploie près de 1200 personnes.
Pourtant au départ, cet homme donc le tennis, le football et la lecture constituent des hobbies n’est pas créateur de richesse comme il l’est aujourd’hui. C’est un ex employé, qui a vite changé de veste. Car de 1992 à 1996, il est auditeur chez Ernst&Young. De 1996 à 2001, directeur administratif et financier du Groupe industriel Hazim. En 2001, Célestin Tawamba est promoteur de la Pasta S.A, une unité de fabrication de la farine boulangère et semoulière. En 2005, c’est le rachat de Panzani Cameroun, où l’on fait de la fabrication des pâtes alimentaires et la distribution des produits Blédina.
Les choses vont très vite avec, en 2006, le rachat de Cinpharm, un laboratoire pharmaceutique (ex Rhône Poulenc). Ici, c’est la fabrication des médicaments génériques. En 2008, le rachat de SIPP, qui est une unité pharmaceutique de fabrication des solutés et en 2015, c’est la création de la Société agro-alimentaire équatoriale, une biscuiterie.
Avant d’arriver au Gicam, Célestin Tawamba aura été, de 2010 à 2016, vice-président d’ECAM (Entreprises du Cameroun), le second patronat du Cameroun. Côté formations et parchemins académiques, le président du Gicam qui reçoit le Premier ministre le 18 mai 2021 à Douala est titulaire d’un Executive MBA (Hec-Paris, 2016). Ceci, après un diplôme de 3e cycle en finances (HEC Paris, 1992), sans oublier la Maitrise en audit et contrôle de gestion (Université de Paris Dauphine, 1991).
Pur produit donc de la diaspora camerounaise de France, Célestin Tawamba est présenté par ses visiteurs du soir comme « très rigoureux », « s’attache même aux détails, aime la perfection, habile défenseur des droits de l’entreprise camerounaise. » Ce qui est accompagné d’une anecdote.
Jeudi 3 mars 2016. Louis Paul Motaze (alors ministre de l’Économie, de la planification et de l’aménagement du territoire) est au Gicam parler des bienfaits de l’Accord de partenariat économique (APE) aux créateurs de richesse.
Le sujet fait des gorges chaudes, mais le ministre de son côté en parle avec joie, convaincu de ses retombées positives. Célestin Tawamba prend le micro. « Monsieur le ministre, l’APE est une duperie commerciale. C’est justement le reproche que les patrons n’ont de cesse de faire. Les décisions sont prises au sommet et nous les constatons juste après, sans plus moyen d’agir alors que c’est de notre domaine qu’il s’agit. Vous venez de dire qu’il ne faut pas aller là où on va se faire battre. Comment donc avez-vous pu accepter une telle ouverture ? Nous n’aurons pas de moyens pour faire une telle concurrence. » La réaction de Motaze ? « M. Tawamba, vous dites ne pas avoir des moyens. Vous faites comme si je ne vous connaissais pas. Je vous connais. Nous nous connaissons. »
Aloys ONANA