Le gouvernement a procédé à la pose de la première pierre du péage automatique de Mbankomo, une banlieue de Yaoundé, la capitale politique. C’était le 10 décembre 2020. Une rencontre qui a mobilisé une bonne brochette de membres du gouvernement parmi lesquels, Louis Paul Motaze, des Finances, Emmanuel Nganou Djoumessi, des Travaux publics, Catherine Abéna Ondoa, Affaires sociales, et Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, des Transports. Les travaux de Mbankomo sont en réalité le début d’une série de chantiers similaires sur 14 sites à travers le pays.
Si le Cameroun se décide enfin à changer le mode opératoire de ses péages routiers, c’est que la corruption et autres mauvaises pratiques qui ont cours en ces espaces économiques sont, pour le moins, ahurissants. « Au total, près de 100 milliards de FCFA ont été collectés depuis 1995. Malgré la tendance à la hausse d’une année budgétaire à l’autre depuis son instauration, le péage routier n’a pas encore atteint son seuil potentiel. Un taux de fraude très élevé et une gestion contestable justifient ce sentiment », pointe Emmanuel Nganou Djoumessi.
Les estimations qu’il fait lèvent deux pans de voile. Un crève l’œil et l’autre l’est moins. Apparaissent donc la vétusté des locaux de ces instances économiques, mais aussi, « la fraude extrême, due au contact des péagistes avec les recettes affiche un taux moyen annuel de 50%. » Calculette en main, le Cameroun pourrait avoir perdu un peu plus de 100 milliards de FCFA sur les 200 milliards qu’il aurait pu verser dans ses caisses depuis le 7 janvier 1993, année au cours de laquelle l’on instaura les péages routiers au pays.
Cela dit, l’instauration des péages automatiques a donc plusieurs visées. Éradiquer les poches de détournement et de corruption qui prospéraient et par extension, doper les recettes de ces zones économiques non négligeables, qui rapportent 75 % des recettes routières à l’Etat. Aussi, il est question de passer de 7 milliards de FCFA en 2021 des recettes que génèrent les péages routiers à 53,59 milliards de FCFA en 2039. Le but est également de passer de 5,482 milliards des fonds versés dans les caisses de l’État issus de ces espaces en 2021 à 49 milliards de FCFA en 2039.
Godlove Tekam