Le jeune homme de 34 ans espère de toutes ses forces emmener Paul Biya à l’admettre au terminal à conteneurs du port autonome de Douala.
Chez les Bolloré, il y a une façon de faire les affaires. Cela aussi a un nom. « C’est plutôt du commando que de l’armée régulière. On ne passe pas beaucoup de temps à discuter de ce qu’il faut faire, on agit. Les Américains disent : « we try, we fail, we fix ». On essaie, on rate, on répare. On aime ça, comme les bancs de poissons qui bougent et se déforment au fur et à mesure. On a souvent recours au système D, on a beaucoup de diplômés des arts et métier dans le groupe : c’est le génie français », déclarait Vincent Bolloré, le père de Cyrille, dans les colonnes numériques du Journal Le Monde du 12 août 2015.
Cette méthode consiste également à forcer. A mettre en jeu les moyens formels et même informels pour atteindre un but. Souvent ça marche. Souvent aussi, ça échoue, comme dans l’affaire de « la boucle ferroviaire », au Benin.
Pour le cas du Cameroun, le terminal à conteneurs du port autonome de Douala (PAD) est entrain de filer entre les doigts des Bolloré, au profit d’un autre opérateur, TIL. Ainsi, après la longue lettre pleine de flatteries le 12 septembre, missive qui a eu comme réponse, le silence présidentiel, Cyrille Bolloré espère une audience à Etoudi, malgré toutes ses dernières flatteries. « Le Cameroun a toujours été considéré par le Groupe Bolloré comme une terre d’élection particulière. La qualité de ses hommes, la richesse de son potentiel, la vision politique que vous incarnez, la stabilité sociale ainsi qu’au-dessus de tout, la confiance que vous avez bien voulue nous témoigner à plusieurs occasions, ont conduit notre Groupe à développer au Cameroun l’ensemble de ses métiers : des transports à la communication, en passant par le cinéma, la batterie électrique et les plantation.» « C’est la raison pour laquelle, nous avons l’honneur de solliciter votre Haut arbitrage afin que l’accord signé le 4 octobre 2017 entre le port de Douala et DIT soit mis en œuvre. » « Je tiens à vous assurer de ma volonté de continuer », avait écrit Cyrille Bolloré.
A en croire nos confrères d’Investir Au Cameroun dans leur édition du 7 octobre, Cyrille Bolloré est présentement au Cameroun. Il espère être reçu par Paul Biya le 8 octobre. Il avoue désormais avoir laissé de côté son chantage sur les 24 milliards de FCFA qu’il doit au PAD, montant qu’il disait être disposé de payer, à condition que son bail lui soit renouvelé, comme l’annonçait Economie du Cameroun.
Sur la place portuaire, « que Bolloré paie d’abord les sommes (plus de 24 milliards de FCFA qu’il doit au Cameroun. Ce n’est pas un jeune homme de 34 ans qui viendra supplier Paul Biya de reconduire son bail, tout en posant des conditions inacceptables. Qu’il aille d’abord régler l’ardoise querellée. Un homme d’affaires pose d’autres types de conditions à un chef d’Etat, comme la sécurité et non aller jouer au chat et à la souris avec une institution sur une somme qu’il lui doit » ; observe Joseph Kangheu, importateur. « Bolloré avait promis que s’il a le port de Kribi, il laisserait celui de Douala. Il a été pris dans son propre piège », tranche Gallus Fouda Fouda, figure de respectée sur la place portuaire de la capitale économique du Cameroun.
Aloys Onana