L’université camerounaise est trop théorique
A Yaoundé le 26 août 2019, cet enseignant d’université qui représentait le ministre de l’Enseignement supérieur à une conférence entre les enseignants russes de la Rudn University et les étudiants de l’’Institut universitaire des sciences pétrolières et de management (Iuspm) a questionné la place de l’université camerounaise dans la quête du développement.
(…) Après avoir suivi le savant Pr Anatoly Ryzhkov trois questions me viennent à l’esprit après l’avoir écouté. Je voudrais partager ces questions avec vous. A qui appartiennent les ressources naturelles qu’on trouve dans un territoire donné ? On entend partout que l’Afrique a du pétrole. Est-ce que le pétrole vous appartient si vous n’avez pas la technologie qui vous permet d’aller prendre ce pétrole ? Non ! Nous devons donc cesser de tromper nos populations en leur disant que nous avons des ressources naturelles. Ces ressources appartiennent à ceux qui ont la technologie. Le Pr Minyem, brillant professeur à l’université de Yaoundé 1, un brillant géologue camerounais, a posé des questions au Pr Anatoly Ryzhkov sur la technologie (qu’il est venu présenter au Cameroun). Je voudrais retourner la question au Pr Minyem. Quelle technologie avons-nous pour l’exploitation du pétrole camerounais ? Nous n’avons rien.
Donc ce pétrole ne nous appartient pas. Il appartient à ceux qui ont la technologie. Deuxième chose qui me vient à l’esprit, c’est quel est le rôle de l’université dans le développement ? Nous avons suivi le Pr Anatoly Ryzhkov. Il a passé tout le temps à nous parler de la technologie et des projets de développement. Est-ce que vous l’avez entendu dire un moment qu’il 100 publications ? Qu’il a 17 livres ? Il n’a parlé que de la technologie, que des projets de développement. Autrement dit, il vient d’une université qui est une université de savoir-faire, qui a déjà dépassé le savoir, pour le transformer en savoir-faire ! C’est que le gouvernement camerounais veut faire des universités camerounaises. Quelles deviennent des universités de développement. Que nos professeurs deviennent comme le Pr Anatoly Ryzhkov, qu’ils parlent aussi de technologie, qu’ils parlent des projets de développement.
Enfin la troisième chose qui me vient à l’esprit c’est, qu’elle la place de la technologie dans le développement des pays. Si vous n’avez pas de technologie, qu’est-ce que vous représentez dans le monde ? Quand on regarde nos mass-médias, télévision, radio, presse, en longueur de journée on ne parle que de quoi ? Politique, organisation des élections, constitution, etc. Si on avait fait venir ici un professeur de droit ou de sciences économiques, je suis sûr qu’au journal de 13heures on l’aurait annoncé et on aurait fait son interview. Mais ici, nous avons un savant humble, modeste, il fait partie des gens qui tiennent en réalité le monde (…) Dans l’environnement universitaire camerounais, Pr. Jean Marie Bodo, votre ambition de bâtir une université de technologie axée sur les sciences pétrolières, rencontre totalement l’assentiment du gouvernement camerounais. Votre institution fait partie de la nouvelle génération des institutions universitaires que le président Paul Biya appelle de ses vœux, quand il demande à l’université de changer radicalement son image dans la société. Si les universitaires camerounais tous parlaient comme le Pr Anatoly Ryzhkov, est-ce que quelqu’un allait encore se poser la question à quoi servent nos universités ? Non !