D’après ce Centre de recherche et d’analyses, près d’une décennie après la mise en œuvre de l’approche budgétaire par programmes, force est de constater qu’elle peine encore à réaliser les objectifs de développement escomptés.
« Au moment où le pays entame la seconde phase de sa Vison (d’émergence en 2035), à travers la mise en œuvre de la SND30, il convient de renforcer le rôle du budget pour en faire un véritable instrument de développement. Car la programmation budgétaire, dans sa « conception » actuelle, peine encore à impulser la dynamique de développement (croissance économique), rendant ainsi hypothétique la réalisation des agendas auxquels le pays a souscrit aussi bien au niveau national, régional (Agenda 2063 de l’Union africaine) que mondial (Objectifs du développement durable 2030 des Nations unies) », constate le Centre d’analyses et de recherche sur les politiques et sociales du Cameroun (Camercap- Parc) dans une étude publiée le 13 janvier 2022.
C’est que le pays est passé en 2013, d’un budget dit de moyens (en vigueur depuis 1962), à un budget par programmes, avec ses ajustements toujours en cours depuis lors. Les résultats mitigés du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, en disent long.
Or, la Fondation africaine pour le renforcement des capacités (ACBF), organe spécialisé de l’Union africaine, dans ses rapports de 2015 et 2019, montrait déjà que ce ne sont pas les ressources qui manquent à l’Afrique (notamment au Cameroun, Afrique en miniature) pour se développer, mais les capacités pour transformer son potentiel en moyens de développement. C’est pourquoi le directeur de Camercap-Parc, Barnabé Okouda, estime que « dans une économie en développement comme le Cameroun où l’État reste un acteur économique important, pas seulement en termes de régulation et de redistribution, mais aussi par l’impulsion donnée au secteur privé et comme investissement, le budget de l’État et des entités publiques restera encore pour longtemps un instrument de politique économique fort et puissant. »
Le Cameroun, tout comme les pays de la Cemac n’a pas une politique monétaire propre. Quant à la politique commerciale, là aussi, les verrous et les contraintes sont énormes. Dès lors, le budget apparait comme seul levier disponible de la politique économique du pays. C’est-à-dire, l’unique instrument pouvant être utilisé par les autorités pour rendre les autres politiques publiques efficaces et impactantes. C’est à cet égard que le gouvernement porte une attention particulière sur l’ensemble du processus, allant de sa conception et programmation jusqu’à son exécution, en passant par son élaboration.
Malheureusement, Camercap-Parc observe que d’année en année, la programmation budgétaire se situe dans la spéculation et l’exercice pour la forme à défaut d’être de la masturbation intellectuelle. Pourtant, elle devrait permettre de rapprocher les réalisations de la prévision. Ce qui donnerait un sens aux politiques publiques.
Gaston Mevindi