Emile Christian Bekolo, expert-comptable agrée par la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) et président du comité d’organisation de la Conférence internationale sur le transport aérien en Afrique centrale (CITAC) part d’un constat, dressé par certains habitués aux réalités aériennes en zone Cemac. « Nous avons constaté que nous faisons face aux mêmes difficultés en Afrique centrale, du fait de l’insuffisance de l’offre de vol, du faible nombre de vols directs entre des pays voisins, des coûts exorbitants des billets d’avion. En supposant qu’il doit passer un jour dans chacune des six filiales de son groupe présent en Afrique centrale, nous avons estimé qu’un directeur commercial ou financier d’un groupe travaille 25 jours hors du siège en voyage en Afrique centrale à cause de l’insuffisance des vols et des connexions entre pays, pourtant ces pays sont parmi les plus riches d’Afrique, ont des avions cloué au sol pour des raisons diverses et ont des banques en surliquidité, ils ont aussi un bon taux de scolarisation mais, qu’est-ce qui fait donc problème ? »Se demande le patron de la firme internationale Bekolo&Partners.
C’est pour chercher des réponses à cette situation que s’est ouverte hier 18 janvier à Douala la première édition de la CITAC, qui prend fin ce jour. En matière de performances, l’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, République du Congo, RCA, Tchad, Guinée Equatoriale) fait piètre figure. « Il y a 352 aéroports mais 50 % de ces aéroports dans les pays hors CEMAC. En termes de gestion des infrastructures aéroportuaires, il y a des soucis. Les aéroports au niveau de l’Afrique centrale ne sont pas encore au niveau où ils devraient être pour attirer le marché mondial et absorber des trafics. Sur les 100 compagnies aériennes les plus importantes, il n’y a que trois qui sont en Afrique et sont toutes situées Afrique du Sud et il n’y a hélas, aucune en Afrique centrale. Il n’y a pas que le bâtiment qui compte, mais également les services, l’accueil, qui contribuent à valoriser ou non suffisamment un aéroport », souligne Jean Jacques Robert Nkamgang, expert international en aéronautique.
En l’en croire, en 2019 le contient comptait, en aviation civile, 198 compagnies aériennes, seuls 33 transporteurs basés en Afrique avaient reçu les cotes de sécurité d’Airlineratings.com, seuls 8 avaient reçu la cote la plus élevée du groupe. L’on totalisait 210,8 millions de sièges passagers transportés de et vers l’Afrique. « Le top 3 des lignes les plus fréquentées : Johannesburg (JNB)-CAPE Town (CPT), Johannesburg- Durban (DUR), Abuja (ABV)-Lagos. Top 3 des compagnies aériennes en termes de capacité : Ethiopian 7,3%, South Africa Airways 6,4%, autres 5,9%. »
D’autres données témoignent du faible niveau du transport aérien en Afrique centrale. Si en 2019 l’Europe a acquis 434 aéronefs, l’Amérique 495 avions, l’Afrique, 32 appareils, l’Afrique centrale, juste 3. L’Afrique, note Jean Jacques Robert Nkamgang sur la base des données de l’IATA, c’est 2,1 % du trafic mondial de passagers (en 2019). « Je salue la nécessité pour l’Etat et le secteur privé de collaborer pour la recherche pérenne des solutions aux problèmes récurrents que connaissent nos compagnies aériennes, aux difficultés inhérentes au secteur de l’aviation civile. Cette conférence internationale qui s’inscrit dans le cadre du développement du partenariat public-privé, non seulement c’est la première, mais surtout un début de réponse aux mutations en cours dans le secteur de l’aviation civile. L’entrée imminente du marché unique du transport aérien en Afrique (MUTAA) dans l’agenda 2063 de l’Union africaine va marquer un tournant important et décisif de l’aviation civile en Afrique en générale et Afrique centrale en particulier », relève Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, ministre des Transports.
Aloys Onana