Les pouvoirs publics attendent que les créateurs de richesse locaux injectent des fonds dans de nombreux pans de l’énergie électrique.
L’électricité est un volet au cœur de l’économie camerounaise. Au moment où le pays entame une décennie décisive devant permettre à la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 d’avoir un impact sur la vie des populations, les pouvoirs publics sont décidés à se dessaisir, ou du moins, à démocratiser ce pan de l’économie.
La construction des poteaux en béton. C’est un puissant marché. Juteux, il pourrait permettre à de nombreuses entreprises locales d’avoir des retombées importantes. « La stratégie d’amélioration de la qualité de service dans le réseau de distribution prévoit le remplacement de 700 mille supports bois par ceux en béton. C’est dans ce contexte que nous souhaitons inviter les entreprises à s’intéresser à la production des poteaux béton compte tenu de ce que la capacité de production actuelle est insuffisante (55 000 poteaux produits par an). Cette nouvelle demande induit un marché potentiel d’environ 110 milliards de FCFA », indique Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’énergie (Minee).
De l’avis des voix autorisées, le Cameroun se ravitaillait à plus de 30 % en poteaux bois en zone anglophone. Problème, depuis 2016, l’accès dans ces forêts n’est plus un acquis. En dehors de cette difficulté, d’autres paramètres sont entrés en jeu, pouvant plonger des Régions entières dans les ténèbres. C’est le cas des feux de brousse, qui consument tout sur leur passage, y compris des poteaux en bois. La solution idoine pour remédier à ce type de cas repose sur les poteaux en béton. La demande est non négligeable.
Un autre segment, les pouvoirs publics encouragement avec véhémence la camerounisation des équipements vitaux. Il est question de faire naître sur le territoire national des entreprises de production des principaux intrants du réseau de distribution. Les matériels électriques concernés portent sur les câbles électriques, transformateurs, compteurs, cellules électriques et accessoires divers à l’instar des nappes voutes, herses, IACM (Interrupteur aérien à Commande Manuelle.)
Le but de cette politique est d’améliorer les performances d’Eneo en l’occurrence tout en contribuant de manière plus significative à la création des emplois et à la croissance du pays ainsi que celle de la sous-région Afrique centrale. « Savez-vous que le Cameroun ne dispose pas de stock illimité de compteurs ? Nous importons tous ! Ampoules, piles, compteurs, tout ! Des opportunités d’affaires qui sont ignorées et qui doivent être saisies », souffle un expert en énergie électrique.
Le secteur public suggère au secteur privé de se pencher sur la question du transport électrique. C’est un domaine mutilé. Pour l’opinion publique, c’est Eneo seule qui est responsable des délestages. Pourtant les données chiffrées disponibles pointent que 41 % des incidents qui perturbent le service électrique au plan macro sont carrément imputables au transport (le domaine de la Sonatrel) tandis que 20 % sont du fait de déficit de production, 7 % sont des incidents de distribution (cahier de charges d’Eneo), tout comme 14% de ces incidents sont la conséquence des travaux de distribution (Eneo).
Il faut donc dégraisser le mammouth électricité au Cameroun en faisant intervenir le secteur privé camerounais, qui, selon le Minee, est prioritaire, même si des entreprises privées étrangères ont déjà commencé à demander des audiences au Minee, comme le confesse Gaston Eloundou Essomba, qui était au Gicam le 22 juillet 2021 pour un atelier sur l’optimisation du dispatch de l’énergie dans les ménages et industries au Cameroun.
La main tendue au secteur privé ne déplaît pas. « Dans la distribution, nous attendons le secteur privé. Je vais vous mettre devant vos responsabilités car pour une fois que le gouvernement nous tend la main pour ce sujet, je crois qu’il faut y aller. Le Gicam va prendre ses responsabilités afin qu’on trouve une solution à ce problème relatif à la distribution », souligne Célestin Tawamba, président du premier patronat camerounais.
Aloys ONANA