Un incendie aux conséquences redoutées
La première, c’est la majoration du coût de la vie. Economie du Cameroun mène actuellement une mini enquête sur les conséquences profondes de cet incendie. En attendant, nous vous livrons un aperçu développé par les confrères.
Le positionnement stratégique de la Sonara dans l’environnement économique national se traduit, depuis sa création en 1973 et son inauguration le 16 mai 1981, à travers un lourd investissement consenti par l’Etat. En fait, le capital de l’entreprise spécialisée en raffinage de pétrole brut et en vente de produits raffinés qui n’était qu’à 400 millions FCFA au départ, a atteint plus de 32,5 milliards FCFA après 2010.
Une courbe ascendante justifiée par l’arrimage à un marché devenu plus compétitif. A l’analyse de ce climat, la Sonara a lancé, dès 2010, son projet d’extension et de modernisation. La première phase dudit projeté évaluée à 200 milliards FCFA prévoyait de porter sa capacité de production annuelle à 3,5 millions de tonnes, contre 2,1 millions de tonnes auparavant. On y a intégré la construction d’une distillation sous vide d’une capacité de 1,3 million de tonnes par an, l’installation d’une unité de cogénération opérant sur résidu sous vide ainsi que l’augmentation de la capacité de stockage. La transformation engagée est en marche et devrait, dans sa seconde phase, doter la Sonara d’un plateau technique susceptible de raffiner le brut lourd produit localement.
A terme, la Sonara n’achètera plus le pétrole nigérian ou équato-guinéen. Le processus entamé implique la création de nombreux emplois. Les indicateurs étaient jusque-là optimistes lorsqu’est survenu l’incendie du 31 mai. L’impact de cet incident laisse de plus en plus prospérer dans l’opinion, un questionnement autour de la capacité de la Sonara à assurer l’approvisionnement du marché en produits pétroliers. Ce d’autant plus qu’en fin 2017, la chute des cours du pétrole brut sur le marché international, la réduction des échanges commerciaux et des flux d’investissements n’ont pas permis à l’unique raffineur du Cameroun d’égaler les performances réalisées un an auparavant.
Ce qui a occasionné une baisse de 28,31%. Le traitement du brut s’est évalué à 1 361 506 tonnes métriques. Soit un recul de 537 707 tonnes métriques comparativement à 2016 où le volume a atteint 1 899 213 Tm. On peut relever que cette réduction a été compensée par les importations des produits raffinés à hauteur de 463 160 Tm, pour satisfaire les besoins de la clientèle et rattraper cette performance, afin de porter les ventes à 1 824 666 Tm. Précisons que la Sonara approvisionne aussi la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
Les craintes formulées par les consommateurs sont d’autant plus compréhensibles qu’en cas de paralysie sur le long terme de la Sonara, l’Etat est obligé de recourir aux importations massives. Et dans un scénario où ces importations ne sont pas subventionnées, le prix du carburant à la pompe peut augmenter et atteindre des niveaux élevés. Tout en entraînant la hausse des tarifs des transports et par ricochet, le coût des denrées de première nécessité.
D’où l’hypothèse partagée d’une hausse généralisée des prix. Pour essayer de tempérer, « le gouvernement tient à assurer les populations que toutes les dispositions sont prises en vue de l’approvisionnement continu de l’ensemble du territoire national en produits pétroliers, ainsi que pour la remise en état dans les plus brefs délais, des diverses unités de production affectées », écrit René Emmanuel Sadi (…) Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, et le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba (ont indiqué que) les prix des carburants à la pompe ne connaitront pas d’augmentation.
Source : Mutations