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Vallée du Ntem : pourquoi Emmanuel Néossi pourrait tout perdre

by EDC
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Le milliardaire de Kékem – Ouest Cameroun- fait face à une opposition farouche des populations du département de la Vallée du Ntem, dans le Sud du pays. Les multiples couacs enregistrés jusqu’ici dans cette affaire ne sont pas en faveur du fondateur de Neo Industry.

Ce qui pourrait annuler tous les espoirs de Emmanuel Néossi dans son projet de développement des espaces cultivables dans la Vallée du Ntem repose sur un fait. Un seul. La rencontre véritable entre le fondateur Neo Industry et toute la population de la Vallée du Ntem. Et à ce sujet, la partie n’est pas gagnée. Elle pourrait être impossible. « Je voudrais dire, s’agissant du dossier de Neo Industry, qui a fait l’objet dans les réseaux sociaux et même au niveau de notre hiérarchie, de beaucoup de plaintes, on a parlé de « braderie », de « vente », « bamiléké ». Neo Industry, jusqu’à date, est bénéficiaire d’un contrat provisoire. C’est écrit. Un contrat provisoire qui devra faire l’objet d’un décret plus tard. Jusqu’à date, il y a des paramètres qui ne sont pas encore réunis. Je vous ai parlé des études d’impact environnemental qui devrait l’emmener à devenir tout petit devant les populations dont il veut prendre le terrain pour exploitation », observe Hubert Kibong, délégué départemental du Cadastre dans la Vallée du Ntem.

Qui compare l’éventuelle rencontre entre Emmanuel Néossi et la population à la dot. « Ils doivent échanger dans un langage franc. J’ai parlé de la dot. Et à ce jeu, le rôle de nos patrons c’est veiller à ce qu’il y ait point de désordre ou trouble à l’ordre public. C’est une histoire où l’administration n’intervient pas. Ils échangent entre eux. Ils diront ce qu’ils veulent faire et ce qu’ils ont prévu pour vous. Vous êtes en droit de leur dire, ‘’mes amis, c’est vrai peut-être que vous êtes pour un projet d’Etat, mais nous avons nos plantations. Vous dites que vous faites dans la cacao culture. Nous-mêmes nous sommes des cacao-culteurs. Quelle est la plus-value que vous apportez ? Il s’agira pour eux, d’être hommes, d’être convaincants. Vous serez en droit de marquer votre résistance. »

Dans cette grosse affaire foncière qui agite le monde économique, politique et traditionnel, se trouve un grief. Il est clé. Et désavantage l’homme d’affaire qui a construit une usine de transformation du cacao à Kékem et veut développer des champs au Sud. « L’Etat est propriétaire des terres. L’Etat est propriétaire des populations. Tout ce qui a été si bien développé par le délégué départemental s’est passé à notre insu. Et dès lors, nous considérons que nous avons été des laissés pour compte. Personne ne peut être content de cela. L’Etat ne peut pas prendre les terrains, les immatriculer à son nom, sans rien dire aux populations qui ne sont plus propriétaires de ces terrains, et il les distribue à ceux qui vont travailler sur ces terres. Cela à l’air d’être une duperie », relève Emmanuel Edou, porte parole des élites, ancien délégué général à la Sûreté nationale. Il conclut. « Que l’Etat vienne immatriculer les terrains en discute avec les populations en leur expliquant les plus-values qu’elles auront à ce qu’il est des réserves foncières. L’Etat explique aux populations que les réserves ainsi faites, elles gagnent à ce qu’on donne à PAC, à NEO Industry,  je ne sais plus à qui d’autre. Mais cela n’a pas été apprécié. Finalement, nous avons – je vous traduis ce que les populations de la Vallée du Ntem pensent- nous avons l’impression que c’est une opération de dupes (…) Tout le problème est là, c’est que les populations ont été écartées. C’est pour ça que nous nous plaignons. »

Entretemps, aucune chefferie sur les 250 que compte la Vallée du Ntem ne reconnait avoir entendu parler du projet pourtant débuté le 3 juillet 2012 lorsque Jacqueline Koung à Bessike signe un arrêté indiquant des réserves foncières d’utilité publique dans la Vallée du Ntem, l’Océan et la Mvila. Aucun procès verbal n’est disponible. Pour le cas de la Vallée du Ntem, Me Christian Engo du collectif des avocats mis en place, a noté le 8 aout 2020 lors de la rencontre de concertation entre le préfet du département et les élites que pour pour Neo Industry et pour Plante  et Aquaculture du Cameroun (PAC) –toutes appartenant à Emmanuel Néossi et occupant 66 430 hectares 10 ares 20 centiares pour Neo Industry et 31 000 hectares pour PAC- ne sont pas du public, mais du privé. Autre chose. « On a soumis ce dossier à l’appréciation du Premier ministre qui signe le décret le 30 aout 2016. De 2012 à 2016, ça fait 4 ans. Caducité ! Parce que la loi donne un délai de deux ans et on peut encore renouveler sur une seule année. Donc le décret du Premier ministre est fondé sur un arrêté manifestement caduc. C’est-à-dire que l’arrêté était déjà mort », tranche Me Engo.

Aloys Onana

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