Attentisme, absence de mesures pour faire face à l’inflation ambiante et la vie chère, sont entre autres griefs formulés par le président du Gicam, Célestin Tawamba lors de la présentation de son rapport moral de la 131ème Assemblée générale ordinaire du Gicam à Douala le 28 juin 2022.
Pendant près d’une heure d’horloge, le président du Gicam, particulièrement prolixe, a tenu en haleine l’assistance. Dans son rapport moral, Célestin Tawamba, s’est acquitté de sa tâche statutaire qui consiste à dresser l’état des lieux de l’environnement économique du pays au cours de l’exercice écoulé et même celui en cours.
Dans son réquisitoire, le président du Gicam n’a pas été tendre à l’endroit du gouvernement qu’il reproche d’avoir été attentiste et de s’être réfugié dans une sorte de déni de la réalité face la crise inflationniste qui secoue le monde depuis 2021. Alors même que le groupement qu’il préside, dès septembre 2021, tirait la sonnette d’alarme sur les augmentations exponentielles de l’ordre 40 voire 400% des coûts de matières premières et des intrants de production, ainsi que l’explosion du fret maritime qui a provoqué une augmentation des prix sur presque tous les produits sur le marché local. Provoquant ainsi les pleurs et les grincements de dents des ménagères qui ne savent plus où mettre la tête.
Pourtant, l’année 2021 avait débuté sous de bons auspices économiques. Après la crise économique mondiale de 2020 causée par la pandémie de Covid-19, l’année 2021 a été marquée par la reprise des activités et une embellie des affaires. Le pays a pu se faire une santé économique, fleurant avec un taux de croissance de +3,5% en fin d’année contre +0,5% en 2020.
Les entreprises n’ont pas été épargnées de ce vent de la reprise économique. Elles ont aussi renoué avec les affaires « suite aux effets positifs de la relance initiés dans les économies avancées, lesquels ont permis l’accroissement de la demande, moteur de la croissance des entreprise », indique le président du Gicam.
Au cours de ce premier semestre, les performances ont été meilleures qu’en 2020, bien que en deçà de la période avant pandémie. Seulement, cette embellie observée chez les entreprises sera de courte durée. Car renseigne Célestin Tawamba, dès le deuxième semestre, les démons de la crise vont refaire surface du fait notamment de la hausse sur le marché international des cours de matières premières et des intrants de production et de l’explosion du prix du fret maritime.
Selon le patron du principal patronat au Cameroun, la situation a continué à se détériorer en 2022. Les résultats de l’enquête de conjoncture du Gicam au 1er trimestre révèlent une généralisation de la détérioration des performances des entreprises et une évolution de leurs chiffres d’affaires en baisse de 20 points par rapport au 4ème trimestre et 10 points par rapport au 1er trimestre 2021.
D’après l’enquête, ces contre-performances s’expliquent par une absence de visibilité à court et moyen terme ; des programmes d’investissements suspendus, des trésoreries qui continuent de se dégrader, la rentabilité et la solvabilité des entreprises fortement compromises. Et la guerre russo-ukrainienne ne vient pas arranger la situation, bien au contraire.
En effet bien que situées à mille lieux des théâtres des affrontements, les entreprises africaines en général et camerounaises en particulier, subissent de plein fouet les conséquences de ce conflit. « L’inflation née de la pandémie de Covid-19 s’est aggravée et les risque de pénurie de produits alimentaires et autres produits essentiels sont de réels motifs d’inquiétude», déplore le patron du Gicam. Aussi regrette –t-il la modification de la loi de Finances 2022 qui ne tient pas compte du ralentissement économique et les alertes du secteur privé parmi lesquels l’inflation, la rareté des biens de consommations et des matières premières du fait de la guerre et des reconfinements, la perturbation de la chaine d’approvisionnement à l’international, la quasi-absence d’actions contre la vie chère.
Fort de ce qui précède, « le Gicam appelle le gouvernement à tourner définitivement le dos à un certain attentisme», suggère Célestin Tawamba. Non sans se réjouir de la dynamique des concertations sur la crise inflationniste, instauré en début d’année sous l’impulsion du premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute.
Patrick Bihel